Icônes-Alain

Caractéristiques d’une icône

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On ne peut parler sérieusement de l’icône sans référence à la foi chrétienne et à la tradition orthodoxe.

1.L’icône, image sacrée:

- L’icône est en principe un objet liturgique destiné à une église ou au domicile du croyant,

- Elle est outil de communication avec le monde divin par les yeux comme le sont la lecture de la Parole de Dieu ou le chant sacré, par les oreilles ; elle est une autre forme d’écriture, de langage que celui des lettres ou des notes : on dit « écrire » une icône,

- C’est une théologie visuelle, une approche par l’œil des mystères du Dieu Trinité, révélés par la Bible et les évangiles, et vécus par les saints.

- C’est un témoignage de l’ « Incarnation », de la présence de Dieu dans l’histoire des hommes à travers la personne de Jésus-Christ et à travers les personnes qui l’ont suivi et ont été sanctifiés par l’Esprit-Saint.

- L’icône est à l’image religieuse ce qu’est une église romane à une salle à usages multiples servant d’église : dans l’église romane, le lieu même est sacré indépendamment de ce qui s’y passe. La perception du caractère sacré d’un lieu n’est pas propre au christianisme mais a toujours été détecté par les hommes en quête de divin. C’est pourquoi les premiers chrétiens se sont appropriés les anciens lieux de culte et pas simplement pour leur substituer le nouveau. C’est pourquoi les abbayes n’ont pas été fondées n’importe où.

- L’icône a un rayonnement, une force en soi, comme les lettres hébraïques. Car l’iconographe se place dans une tradition, se soumet à des règles, structure et rythme, consciemment ou inconsciemment, son icône, comme un architecte digne de ce nom, recherche le tracé et le rythme qui correspondent au lieu et à la fonction de son bâtiment.

- L’icône a un message, un sens, car l’iconographe se met à l’écoute du sujet qu’il traite et dont il essaye de pénétrer le sens par la contemplation et la prière.

- L’iconographe n’exprime pas les émotions de son « ego » ou les pulsions de son inconscient, mais met sa sensibilité et son sens de l’esthétique, son intelligence « du cœur » au service du sujet traité. Si le sujet est un saint, il essaye de montrer sa vraie personnalité, son « charisme », tel que l’Esprit-Saint l’a façonné et illuminé. Si c’est un évènement, en général tiré de l’évangile et dont l’instigateur est l’Esprit-Saint, il « interprète » ce sujet comme un musicien interprète une œuvre d’un compositeur en essayant de traduire ce qu’il a voulu exprimer. Il y a autant de créativité chez le peintre d’icône, quand il copie un modèle, que chez l’interprète qui joue du Bach.


L’iconographe peut également créer de nouvelles icônes à trois conditions :

- que le sujet soit en rapport avec le Christ et sa révélation,

- que l’objectif premier soit « liturgique ou évangélisateur » au sens large de ces termes, correspondant à une démarche spirituelle personnelle.

De grands iconographes contemporains occidentaux, comme Mgr ; Jean de Saint Denis, évêque de l’Eglise orthodoxe de France et François Chenue, animateur le l’atelier orthodoxe de Dijon, dont j’ai suivi les cours pendant 35 ans, ont créé une iconographie d’aujourd’hui.


L’art sacré de l’icône ne s’est pas arrêtée au XIV ou XVème siècle, mais doit être réinventé à chaque époque dans le cadre d’une tradition religieuse vivante ancrée dans un terroir. L’art sacré de l’icône n’est pas réservé à l’orthodoxie, il a sa place dans l’Eglise catholique romaine car il est un héritage de l’Eglise indivise, perdu par l’occident mais conservé par l’orthodoxie et qu’il s’agit de se réapproprier aujourd’hui.

2. Caractéristiques de l’icône.

1) Le sujet :

Il n’y a qu’une vraie icône : c’est Jésus, icône de Dieu le Père qui est invisible, irreprésentable, inconnaissable. D’où la tradition de la première icône « non faite de main d’homme » ou MANDYLION pour l’Orient ou le voile de VERONIQUE (vera iconica) pour l’Occident (voir représentation de l’icône de la Sainte Face).

Tous les sujets de l’icône découlent du Christ, de sa mère, de sa vie et de ceux qui l’ont imité. On ne peut faire l’icône de quelqu’un, aussi remarquable soit-il, si celui-ci n’a pas « manifesté » le Christ et l’Amour de Dieu par sa vie.

Les personnes montrent toujours leurs visages et leurs deux yeux dont le regard « intériorisé » est caractéristique. Seul le diable est représenté de profil.

2) La consistance :

L’icône n’est pas limitée à la peinture sur bois mais peut être une fresque sur mortier frais ou une peinture murale ou sur verre, ou une mosaïque, une broderie, une tapisserie, des émaux, un ivoire, un vitrail. Le support peut être variable suivant le lieu, la tradition d’expression artistique, mais c’est dans la peinture sur bois que s’exprime le plus communément l’iconographe.

3) Les caractéristiques physiques de l’icône :

- L’ icône est nécessairement dessinée en deux dimensions, peut-être pour marquer que l’on est dans une autre réalité, pour créer un « manque », une aspiration à une troisième dimension qui doit être « verticale » c’est-à-dire spirituelle, en profondeur intériorisante et non extériorisante. Aussi n’y a-t-il pas de perspective avec point de fuite à l’horizon, mais parfois ce qu’on appelle « perspective inversée », c’est-à-dire centrée sur celui qui regarde pour l’inciter à entrer « dedans ».

- La forme de l’icône est en principe rectangulaire (chiffre 4 de la création), de dimensions harmonieuses, sauf quand elle fait partie d’une architecture d’ensemble (coupole, cul de four) ou que sa forme a un sens symbolique, ou exprime la dynamique du sujet.

- L’icône n’est pas prisonnière du temps et de l’espace : les évènements peuvent se situer à plusieurs moments et en plusieurs lieux. Ce n’est pas une photographie instantanée. Ce qui compte c’est l’unité du message. Ce n’est pas non plus un simple portrait des personnes mais un essai de représentation de son être profond, la référence à sa mission, à sa ressemblance divine.

- L’icône répond à des principes, des règles issues de l’expérience spirituelle et de la tradition vivante qui n’est pas la reproduction d’un passé mais l’actualisation d’un message.

. elle est structurée, c’est-à-dire construite, « tracée » comme une église romane, rigoureuse dans son dessin qui est primordial,

. elle est composée de lignes séparant nettement des surfaces colorées et rythmant la composition, exprimant des circulations d’énergies : il ne peut y avoir de « flou artistique ».

. les matières utilisées sont aussi naturelles que possible, et pour la peinture, relèvent des trois règnes : minéral pour le support (bois ou pierre) et les pigments (végétaux ou minéraux), et animal par le liant : l’œuf (ou la cire d’abeille dans le temps : encaustique).

Les couleurs par leurs vibrations ont un rôle important par leur symbolique et leurs énergies. Elles ne sont en effet que des réflecteurs sélectifs de la lumière blanche : les couleurs sombres absorbent beaucoup de lumière ; elles symbolisent la pénétration de la lumière divine dans la matière, sorte «d’ incarnation »; les couleurs claires reflètent plus la lumière, c’est le signe de « l’illumination », la transfiguration de la création par la lumière divine, par l’Esprit-Saint. L’or est utilisé parce qu’il reflète au maximum la lumière et représente le mieux la lumière divine elle-même qui éclaire l’icône.

C’est pourquoi le peintre part des teintes les plus sombres, notamment pour le visage, pour les éclaircir très progressivement et placer à la fin les « dernières lumières », éclats de la lumière divine. C’est l’inverse de la technique habituelle du peintre qui part du plus clair et termine par les ombres. Aussi n’y a-t-il jamais d’ombres sur les icônes, car la lumière qui les éclaire n’est pas naturelle comme celle du soleil, mais surnaturelle.

4) La technique :

Pour réaliser son icône, l’iconographe

- prend un bois « qui ne travaille pas ou plus » qu’il polit sur une face,

- il l’enduit de plâtre (Blanc de Meudon + colle animale) en une douzaine de fines couches qu’il polit également,

- il y décalque le dessin qui a été rigoureusement composé,

- il pose les teintes de fond et l’or. La pose de l’or se fait soit comme les doreurs, à l’eau et à « l’assiette », soit à la colle spéciale. L’or se présente en feuilles très fines d’or à 24 carats, libres ou collées,

- il éclaircit l’ensemble très progressivement en terminant par les visages et par les « dernières lumières » éclats de la lumière divine.

- enfin, il « nomme » l’icône pour lui donner son identité,

L’icône est bénie au cours d’une eucharistie au moment de l’anamnèse, en la posant sur ou près de l’autel.

5) Bénédiction de l’icône

L’icône est bénie au cours d’une eucharistie au moment de l’anamnèse, en la posant sur ou près de l’autel comme une offrande. Le prêtre, avant de la remettre au peintre ou à celui à qui elle est destinée peut la bénir de manière habituelle pour les objets de piété. La formule brève utilisée par les prêtres orthodoxes est la suivante :

« Dieu tout-puissant et éternel, envoie sur cette icône ton Esprit Saint.
Que tous ceux qui s’en approchent avec respect et vénération reçoivent, bénédiction, grâce et sanctification par Jésus-Christ notre Seigneur . Amen »

Le prêtre peut alors faire sur l’icône 3 onctions en forme de croix avec l’huile sainte : au nom du Père, du Fils, et de l’Esprit Saint,


***

Tout homme est à l’ « image » de Dieu et le but de sa vie est de trouver sa «ressemblance» avec Lui, de se laisser transfigurer en une « ICONE de JESUS-CHRIST, par l’ESPRIT- SAINT ».

Alain, juillet 2008

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