L'icône, approche du mystère de Dieu et support pour Sa louange ?
D'après la Genèse l'homme est créé "à l'image et à la ressemblance" de Dieu. Les icônes représentent soit des "hommes de Dieu", des Saints, soit des scènes de l'histoire du peuple de Dieu et principalement de la vie du Christ et de Marie sa mère.
Il ne s'agit pas de portraits, peintures ou photographies fidèles à l'apparence physique d'une personne à un moment donné de sa vie ou à l'impression esthétique ou émotionnelle perçue par le peintre, simple "image" de la personne ou illustration d'un événement. L'icône vise la "ressemblance divine". Elle concerne les saints c'est à dire des hommes et des femmes qui ont essayé d'atteindre cette ressemblance en ayant pour modèle le Christ Jésus, "icône" parfaite de Dieu son Père qui, Lui, ne peut pas être représenté. Mais suite à l’incarnation, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme peut être représenté. C’est l’argument contre l’iconoclasme.
En effet la première icône, "non peinte de main d'homme" d'après la tradition orthodoxe, est celle de Jésus - Christ. Celle de Marie qui aurait été peinte par l'apôtre Saint Luc, la plus répandue après celle du Christ, représente la créature la plus "ressemblante" à Dieu puisque en totale symbiose avec son divin Fils, en conformité avec la volonté du Père et "temple" du Saint Esprit. Chaque saint a vécu à sa manière et en son temps cette assimilation au Christ et cette accomplissement de la volonté aimante du Père sur sa vie en acquérant des "qualités divines": ils ont essayés d'être "parfaits comme leur Père est parfait" malgré les défauts de leur nature humaine. En fréquentant les saints et en les connaissant on peut apprendre à connaître Dieu. Et l'icône essaye de représenter cette ressemblance à Dieu dans leurs qualités et la présence de Dieu dans leurs oeuvres c. à .d. à entrer dans le mystère de leur "personne" en ce qu'elle a atteint du "divin" par sa capacité d'aimer. "Ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi" dit Saint Paul. "Qui me voit, voit le Père" dit Jésus.
De même les scènes représentées dans les icônes sont relatives soit aux grands événements de la vie du Christ et de Marie comme celles des "12 fêtes" liturgiques soit aux interventions de Dieu dans l'histoire d'Israël comme "l'hospitalité d'Abraham". La signification théologique de ces événements est révélation de l'action de Dieu et de son Christ (oint) dans l'histoire humaine et permet d'entrer dans Sa connaissance.
Ces icônes bien que limitées dans le choix des personnages, "codifiées" dans leur contenu et traditionnelles dans leurs techniques, laissent une certaine liberté à l'iconographe pour traduire ce que cette icône peut révéler de la "ressemblance" à Dieu ou de la méthode d'action de Dieu. Il utilise un langage visuel qui ne passe ni par la parole ni par l'écriture ou plutôt par une autre forme d'écriture utilisant les lignes et les couleurs, riche en symbolique mais nécessairement figurative car possible que par l'existence de l'Incarnation de Dieu en Jésus - Christ.
C'est ce centrage sur le Christ et sur les interventions divines de Dieu dans l'histoire sainte qui fait que la vénération des icônes n'a rien d'idolâtre. Il s'agit de reconnaître et de contempler ces hommes et femmes qui "ont revêtu le Christ" comme dit l'apôtre Paul, pour mieux connaître cette action du Saint Esprit en eux qui les a fait ressembler au Christ et louer Dieu pour les merveilles qu'il a fait en eux et par eux. Et comme ils ne demandent pas mieux que de continuer à faire du bien dans leur nouvel état, on peut leur demander sans scrupules d'intercéder pour nous et de nous aider en vertu de leur solidarité fraternelle (Communion des Saints) et en fonction de nos affinités avec eux. De même, il s'agit de méditer les événements de l'histoire sainte que les icônes représentent, d'entrer dans leur mystère afin de nourrir notre louange.
Alain