Icônes-Alain

Icônes réalisées par Alain Chenal

Contact : alain.chenalATlibertysurf.fr

Présentation de l'icône du Saint Sacrement Eucharistique

Les icônes peuvent faire référence aux sacrements par la représentation des scènes où le Christ les a vécus ou institués par sa parole. Ainsi pour l'Eucharistie peut-on citer les icônes de la Sainte Scène. Les orthodoxes représentent aussi la "Fraction du pain" qui a révélé le Christ aux compagnons d'Emmaüs. C'est en partant de ce type d'icône qu'a été composée cette icône du St. Sacrement de l'Eucharistie.

Le Christ est représenté "en buste" avec dans sa main gauche le Livre de la Parole de Dieu et bénissant de sa main droite. Ici il présente de sa main gauche la coupe de son sang et désigne de sa main droite une grande hostie : "ceci est mon corps". L'hostie est plus usuelle dans le monde occidental que le pain et l'on peut se rappeler qu'au Moyen Orient il prend souvent la forme de galettes rondes.

L'icône est centrée sur cette hostie et axée verticalement sur le calice, les deux étant peints sur l'or pour marquer leur caractère transcendant. L'impression massive du corps du Christ met l'accent sur l'Incarnation divine. Ceci est renforcé par le cadre (chiffre 4) rouge, couleur de l'Amour incarné en J.C. et du sang versé pour notre Rédemption. Le bleu du manteau, rappelé dans le cadre et ses écritures, signifie la mission divine de J.C., porte parole du Père.

La tunique rouge orangé, ruisselante de lumière blanche divine, est en relation colorée avec l'orange doré du calice et de la clavisse (étole). L'orange est la couleur de l'Esprit Saint agissant, couleur de la joie, de l'énergie divine qui " repose" sur Jésus et lui permet ce miracle suprême de la Transsubstanciation, comble de l'incarnation et de l'humilité de Dieu qui se donne: Dieu se fait substance inerte, banale nourriture des hommes, source de joie conviviale. Il est non seulement Parole vivifiante, mais nourriture, pain du ciel, vin du Royaume.

Ce sens est renforcé par l'utilisation du chiffre 5 lié à l'Esprit Saint et à la vibration de l'orange marquant le dessin du calice. Celui-ci est posé sur une table recouverte d'une nappe" terreuse" illuminée par la lumière du Christ. Le pied du calice a 5 "pans" plus 3 = 8 et présente un "perspective inversée" pour signifier que l'icône est centrée sur celui qui la regarde ; il ouvre par derrière sur le monde Invisible trinitaire.

La position des doigts de la main droite est celle de la bénédiction traditionnelle avec 2 doigts réunis pour signifier les 2 natures du Christ (vrai homme et vrai Dieu) et 3 doigts réunis (derrière l’hostie) pour signifier les 3 personnes de la Sainte Trinité.

La figure du Christ, dont les traits sont inspirés du St. Suaire de Turin, est profondément grave, mais serein, car l'Eucharistie a été instituée quelques heures avant Getsémani. Elle est indissociable de la passion de la croix mentionnée dans le tri-lobe de l'auréole et par les 4 croix dans le cadre (en formes de coupes symétriques). I.C. et X.C. sont les contractions de Jésus-Christ en grec; O,W,N, signifie "celui qui est, le vivant".

Le teint traditionnellement foncé de la peau et du visage donnent au Christ une densité charnelle et met en relief les éclats de lumière appelés "assistes". La longue chevelure, signe de l'homme consacré à Dieu, Symbolise par son ordonnancement strict la parfaite maîtrise de sa nature humaine. Les plis des vêtements participent par leur rectitude irréaliste à la dynamique de l'icône, lignes de force droites, complémentaires de celles, courbes, de l'hostie, du calice et de la nappe.

Sur le cadre rouge qui délimite l'icône, sont rapportées les paroles de la consécration. Les lettres et les mots sont stylisés comme dans les enluminures des manuscrits pour obliger à un décryptage et une concentration qui permet de mieux pénétrer le sens des mots et les mémoriser qu'une lecture rapide et superficielle.

Le Christ est lui-même icône parfaite du Père. Par les saintes espèces il nous donne une autre présence infiniment reproductible dans le temps et l'espace. L'icône est une autre forme de présence encore, elle permet une autre "assimilation" du divin que la manducation du pain de vie ou l'écoute de la parole de Dieu. Par la contemplation elle nous pénètre par les yeux.

L'icône du St. Sacrement nous invite à "manger le Christ des yeux" et nous donne la salutaire envie de le manger réellement comme signe d'une fusion d'Amour avec lui. "Prenez et mangez mon corps, prenez et buvez mon sang" rejoignent un instinct cannibale consistant à désirer manger ceux qu'on aime pour réaliser cette fusion et retrouver l'unité perdue avec Dieu.

Paroisse du Saint Sacrement LYON, le 13 septembre 1994, Alain,

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