Icônes-Alain

Icônes réalisées par Alain Chenal

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Présentation de l'icône de Sainte Sara, femme d'Abraham

L'icône de Sara, femme d'Abraham ( voir l'histoire d'Abraham dans la Genèse § 12 à 24), représente la belle Sara (dont le nom signifie en hébreux "princesse"), comme une bédouine, femme de chef nomade, accroupie sur de riches tapis, à l'ombre des "chênes de Mambré". Elle tient une coupe remplie de galettes de "fleur de farine" qu'Abraham lui a demandé de préparer pour ses trois hôtes messagers de Dieu. Sa main gauche se porte sur son coeur dans un geste plein d'émotion et de noblesse. Les broderies sur fond rouge de sa robe donnent une image vibrante de sa force d'amour, de sa fidélité profonde à Abraham et à sa mission. Le dessin de ces broderies ainsi que celui de la frise encadrant l'icône a été relevé sur des broderies de nomades bédouins et sud-africains et sur des ornements touaregs. Ils sont composés de diagonales dynamiques disposées suivant un rythme de 3 et 4 . Les 4 coins de l'icône sont marqués par des croix dites des Templiers, composées de 4 branches et huit pointes, à partir d'un carré divisé en 3.

Son manteau bleu-nuit l'enveloppe comme une ove et lui donne une forme de germe. La coupe de galettes est au centre de l'icône de même que le plat avec le veau offert aux trois hôtes par Abraham est au centre de l'icône traditionnelle de "l'hospitalité d'Abraham". Cette coupe marque le ventre de Sara où germera bientôt son fils Isaac, premier né de la lignée qui, par le roi David, aboutira au Messie.

Cette conception inespérée du fils tant attendu, annoncée par les 3 messagers et survenue à un âge très avancé (90 ans d'après la Bible) est symbolisée par les fleurs stylisées du premier tapis qui représentent les 42 générations (6x7 ou 3x14) énumérées par Saint Mathieu au début de son Evangile. Le 2ème tapis est orné de triangles formant des étoiles de David à six branches représentant tout le peule d'Israël. Ces deux tapis forment une étoile à 8 branches composée de deux quadrilatères, l'un courbe et horizontal (le féminin) l'autre droit, pointe en bas (le masculin), comme ces "nimbes" que l'on retrouve dans les icônes de la transfiguration ou les auréoles de Dieu le Père sur certaines icônes russes. Cette étoile peut symboliser le message de Dieu le Père-Créateur, celui qui a envoyé les trois anges avec la promesse de postérité faite à Abraham et à Sara, la promesse du Christ-Messie. L'auréole de Sara est de couleur orangée, symbole de l'Esprit-Saint en action.

Les deux arbres rappellent le lieu de cette promesse : le campement d'Abraham à l'ombre des chênes de Mambré, en face d'Hébron. Ils sont également symbole de Vie et se courbent vers Sara comme pour saluer l'ancêtre du Fils de Dieu.

La grande beauté de Sara qui a même séduit le Pharaon d'Egypte et le Roi Abimelec de Guéran, est un reflet de la beauté de Dieu. La fécondité donnée à Sara malgré son grand âge et sa conduite pas toujours exemplaire, est le rappel de la Bonté gratuite de Dieu. L'histoire de Sara et la filiation entre Abraham et Jésus-Christ (par les hommes, chefs de famille, selon la tradition sémite et les généalogies citées par Saint Matthieu et Saint Luc), au cours de l'histoire tourmentée du peuple d'Israël, montre la fidélité de Dieu qui n'abandonne jamais son peuple malgré ses infidélité et ses incrédulités. Sara est animée par ce formidable désir d'avoir un enfant qui est en toute femme et sera aussi celui de tout le peuple d'Israël, celui d'engendrer le Messie et qui se réalisera en Marie.

L'interprétation traditionnelle du "sacrifice d'Isaac", fils de Sara, est qu'Abraham, par obéissance totale à Dieu, n'hésitera pas à offrir en sacrifice son fils unique, qui est déjà une préfiguration de "l'agneau de Dieu", le fils de Marie, Jésus-Christ, qui, lui, ira au sacrifice librement pour nous sauver. Une autre lecture de l'histoire d'Abraham et de Sara, très intéressante pour comprendre la "thérapeutique de Dieu", a été faite par Marie Balmary, psychanaliste, dans son livre "le sacrifice interdit" (voir notes annexes)

L'Amour de Dieu se manifeste concrètement dans la vie de chaque homme comme il s'est manifesté dans celle de Sara et dans celle du peuple de Dieu qui sont des images de notre vie. La promesse de Dieu faite à Sara, comme celle faite à Marie, est valable pour chaque homme; c'est la promesse de faire vivre le Christ en nous, de libérer en nous "l'homme nouveau". C'est une promesse qui peut nous faire rire comme Sara, tellement c'est incroyable, ou faire dire "oui" comme Marie car " rien n'est impossible à Dieu". C'est un don gratuit pour lequel nous ne pouvons qu'offrir notre tente, nos "galettes" et "veaux gras", "fruits de la terre et des hommes" comme il est dit à l'offertoire de chaque messe qui est le mémorial du Sacrifice de l'Agneau de Dieu. Ce désir du Christ est en nous, au plus profond de chacun, besoin de dépassement et d'absolu, véritable raison de vivre de tout homme. Cette icône de Sara peut ainsi nous faire entrer dans le mystère de notre personne et celui de la fidélité de l'Amour de Dieu à l'action dans l'histoire des hommes et en chacun de nous.

Alain, 1997

Histoire de Sara, femme d'Abraham (d'après la Bible, Gen. 12 à 25)

Quand ABRAM, sur l'ordre de Dieu qui avait promis de faire de lui une grande nation, sortit de son pays ( Ur en Chaldée) et quitta sa maison, il emmena avec lui SARAï sa demi-soeur qu'il avait épousée et LOT son neveu, fils de HARAN son frère décédé. Ils s'arrêtèrent au pays de Canaan mais par suite d'une grande famine, ils durent se réfugier en Egypte.

ABRAM, en perspective des grands dangers qu'ils allaient courir en passant dans des pays étrangers, avait demandé à SARAï qui était d'une très grande beauté, de dire qu'elle était sa soeur et non son épouse. Il pensait ainsi éviter de se faire tuer si un roi voulait lui ravir SARAÏ, alors qu'en tant que frère on le laisserait en vie ce qui permettrait à la promesse de Dieu de s'accomplir.

C'est ce qui arriva en Egypte où Pharaon fit enlever SARAï et la pris comme femme. Mais, vu les malheurs qui s'abattirent sur lui suite à cette union (préfiguration des plaies d'Egypte quand le Pharaon du temps de MOïSE voulut garder le peuple Hébreux en captivité), le Pharaon se douta de la supercherie, il fit avouer ABRAM et le renvoya avec sa femme, toute sa tribu et tous ses biens.

Revenus au pays de Canaan et après la séparation avec LOT qui se rendit dans la plaine du Jourdain, Dieu confirma à ABRAM sa promesse de rendre sa postérité aussi nombreuse que "la poussière de la terre". Les rois du pays où se trouvait LOT le firent prisonnier. Abram les attaqua et en fut miraculeusement vainqueur. Il délivra LOT avec tous ses biens et reçut l'hommage de MELCHISEDEK, roi de Salem et de Gomore. Dieu fit alors une nouvelle fois la promesse à ABRAM : "Ta postérité sera comme les étoiles du ciel".

Or SARAï était stérile et déjà âgée. Pour ne pas laisser ABRAM sans héritier, elle lui donna sa servante AGAR pour qu'elle lui fasse un enfant. Quand AGAR fut enceinte elle s'en enorgueillit au point de mépriser sa maîtresse qui s'en plaignit à ABRAM. Celui-ci remit AGAR en son pouvoir. Maltraitée par SARAï, AGAR s'enfuit au désert, mais Dieu eut pitié d'elle et lui enjoignit de retourner au service de SARAï en lui demandant pardon et Il lui promit aussi une nombreuse postérité. AGAR enfanta un fils qu'ABRAM appela ISMAëL.

Quand ABRAM eut 99 ans, Dieu lui apparut et fit avec lui une alliance solennelle dont le signe concret sera la circoncision de tous les hommes dès leur naissance, comme identifiant de son peuple. Dorénavant ABRAM s'appellera ABRAHAM et SARAï s'appellera SARA. Dieu promet que SARA sera bénie et lui donnera un fils, qu'elle "deviendra des nations" et que "des rois des peuples sortiront d'elle ". Son fils s'appellera ISAAC et Dieu établira une alliance perpétuelle avec sa descendance.

Dieu se manifesta encore à ABRAHAM parmi les chênes de Mambré, en face de Hébron, sous la forme de trois hommes (anges sous forme humaine) qu'il invita à s'arrêter sous sa tente pour un repas. Il demanda à SARA de préparer des galettes de fleur de farine et lui-même fit apprêter un veau gras. SARA se tenait à distance mais écoutait la conversation. Quand elle entendit l'un d'eux affirmer que dans un an elle aura un fils, elle rit à la fois incrédule vu son âge ( 90 ans), mais aussi remplie d'un espoir fou. Prise de crainte elle mentit à l'homme qui lui reprochait d'avoir ri et de ne pas avoir cru que rien n'est impossible à Dieu ( à rapprocher de l'annonce faite à MARIE par l'ange GABRIEL de l'enfantement de JESUS).

ABRAHAM repartit avec tout son peuple qu'il avait fait circonscrire. Il s'établit au pays de Guéran dont le roi ABIMELEC fit enlever SARA qui se disait toujours la soeur d'ABRAHAM. ABIMELEC averti en songe par Dieu que SARA était l'épouse d'ABRAHAM et qu'il allait être puni par Dieu s'il la touchait demanda des explications à ABRAHAM. Celui-ci lui avoua que SARA était sa femme et qu'elle se disait sa soeur pour lui éviter d'être tué, mais dit-il " il est vrai qu'elle est ma soeur, fille de mon père, seulement elle n'est pas la fille de ma mère et elle est devenue ma femme" (Gen. 20/11et12). Par la suite ABRAHAM fit alliance avec ABIMELEC au puits de Beer-Scheba.

Quand ISAAC fut grand, Dieu mit encore à l'épreuve ABRAHAM. Il lui demanda de Lui sacrifier en holocauste son fils unique . ABRAHAM fit porter à ISAAC le bois du bûcher jusque sur la montagne. Quand ISAAC s'étonna de l'absence d'agneau à sacrifier, le père lui répondit que Dieu y pourvoira. ISAAC comprit quand son père le ligota sur le bûcher et éleva le couteau pour l'égorger. Mais l'ange de Dieu l'en empêcha et lui montra un bélier pris dans les buissons. ABRAHAM offrit ce bélier en holocauste à la place de son fils. Voyant sa totale obéissance, Dieu renouvelle sa promesse de postérité aussi nombreuse que "les étoile du ciel et le sable de la mer".

SARA mourut à 127 ans à Hébron et ABRAHAM y acheta aux gens du pays, les Héthiens, pour 400 sicles d'argent, le champ de Macpéla qui contenait une caverne. ABRAHAM y enterra sa femme.

Avant de mourir, ABRAHAM voulut marier son fils ISAAC. Il envoya un serviteur dans son pays d'origine chercher une femme de la famille de son père. (analogie avec l'histoire de TOBIT et de l'archange RAPHAEL allant chercher une épouse pour son fils TOBIE épouse qui s'appelait aussi SARA !) Le serviteur rencontre auprès d'un puits REBECCA, petite fille de NACHOR, frère d'ABRAHAM. Il emmena REBECCA et ISAAC la prit pour femme. Il l'installa dans la tente qui avait appartenu à SARA et fut ainsi consolé de la mort de sa mère.

ABRAHAM mourut à 175 ans et fut aussi enterré dans la caverne de Macpéla à Hébron. Ce caveau est toujours vénéré à Hébron par les descendants d'ABRAHAM, fils d'ISAAC (hébreux) et par les fils d'ISMAëL (arabes palestiniens). La garde du caveau fait l'objet d'âpres négociations en ces jours (le 3 janvier 1997) entre les palestiniens et les israéliens.

Alain Chenal,le 1er Janvier 1997 :fête de Marie mère de Dieu

La guérison de Sara d'après le livre "Le sacrifice interdit "de Marie BALMARY

SARAï, (dont le nom signifie en hébreux "Ma princesse") est la demi-soeur de ABRAM. que TERAH, leur père commun, lui avait donné pour épouse. Par ce nom il est signifié que Saraï est liée à la fois à son père et à son époux par un lien possessif qui la marque symboliquement et la rend stérile.

TERAH décide de quitter son pays avec ses enfants et par là les conduit hors du rapport maternel. Mais il s'arrète à HARAN où il meurt.. Là, YHWH (le divin) ordonne à Abram (dont le nom signifie "père élevé ou haut") : "Va vers la terre (intérieure) que Je te montrerai, ou plus littéralement "Va vers toi", c'est à dire "deviens qui tu es" comme dira Nietzsche. Abram doit d'abord se guérir, se libérer lui-même pour transformer sa relation à SARAï.

Abram atteint Canaan, mais chassé par la famine qui règne dans ce pays, il se réfugie en Egypte où règne Pharaon. Il voit dans ce roi l'image de son père et son rival pour la possession de Saraï. Il craint d'être tué et fait passer Saraï pour sa soeur. Or prendre pour épouse une femme mariée est interdit et porte malheur. Pharaon en fait l'expérience, se rend compte de l'erreur et renvoie Saraï à Abram avec des cadeaux, mais les chasse d'Egypte en les maudissant.

Saraï pour remèdier à sa stérilité, demande à Abram d'aller vers sa servante Egyptienne Agar, afin qu'elle lui donne une descendance (c'était la coutume). Agar enfante Ismaël. Alors Saraï craint d'être supplantée par sa servante et demande à Abram de renvoyer Agar et plus tard, de la chasser dans le désert avec son fils.

YHWH intervient alors pour changer le nom d'Abram en ABRAHAM, en ajoutant un "Hé" féminin de sorte que le nom signifie maintenant "Père de multitudes", en relation avec la promesse d'avoir une descendance innombrable. Il ordonne à Abraham de nommer désormais Saraï, SARA en enlevant le "yod" masculin de son nom et par là le pronom possessif . La promesse de descendance est confirmée par la visite des 3 anges sous les chênes de Mambré, promesse qui fera rire Sara. Celle-ci est ainsi délivrée symboliquement de son lien possessif vis à vis d'Abraham. Pourtant elle est toujours stérile! Il subsiste les liens avec leur père Térah qui n'ont pas été solutionnés du vivant de celui-ci. La reconnaissance de Sara comme épouse par son père devra se faire symboliquement.

Cela se réalisera avec Abimelek dont le nom signifie "Père-roi". Abraham refait la démarche de soumission devant ce père-roi, son rival, pour ne pas être tué. Mais Abimelek qui avait fait enlever Sara est averti en songe du statut d'épouse de Sara. Il ne la touche pas et "le "père-roi" rend Sara à Abraham , "princesse" à "père de multitudes". avec une dote, comme un père doit donner sa fille. Ce père symbolique, non possessif, libère Abraham et Sara de leur lien paternel et leur alliance va enfin devenir féconde.

Pour que la relation de couple soit vraie et féconde il faut que chacun coupe ses liens avec son père et sa mère ( "Tu quittera ...") et sorte de la relation possessive avec l'autre pour accéder au "Je" et au "Tu", dépasse la relation de type fusionnel, indifférenciée pour créer cet "écart" qui fonde l'altérité et révèle le mystère de la personne unique, autre, libérée, capable de s'allier à l'autre dans une relation d'amour non possessive. Car l'Homme est fait à l'image du Dieu Trine ( Père et Fils en relation d'amour par l'Esprit-Saint ) et pour Lui "ressembler".

Alain juin 1997

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