Présentation de l'icône de Sainte Aleth ou Aliette

( Voir l'histoire de la Bienheureuse Aleth en annexe)

Cette icône représente la jeune Dame ALETH ou ALIETTE , âgée d'environ 18 ans, offrant à Dieu son 3ème enfant, BERNARD, qui deviendra le grand Saint, abbé de CLAIRVAUX, Père de l'Eglise, fondateur de 70 monastères cisterciens, la plus grande figure de la chrétienté du moyen-âge.

ALIETTE porte les habits de son rang de châtelaine de la forteresse de Fontaines-lez-Dijon que le Duc de Bourgogne EUDES 1er avait confiée à son époux, TESCELIN le Roux, noble chevalier bourguignon. Ses vêtements expriment à la fois son amour enflammé pour Dieu et sa famille et sa volonté sereine de servir Dieu comme épouse et mère. On disait qu'elle était "douce, bienveillante et réservée". Sa piété profonde a marqué fortement toute sa famille et en particulier son fils BERNARD.

En arrière plan, à gauche figure la tour du château de FONTAINE où se trouve la chambre natale de St. BERNARD. A droite est figurée l'église romane actuellement dédiée à St. BERNARD, édifiée au 14ème siècle à l'emplacement de la chapelle qu'ALiETTE fit construire dans l'enceinte du château et consacrer à St. AMBROSINIEN.

Les arcs en bas de l'icône sont des ogives cisterciennes symbolisant les 70 monastères fondés par St. BERNARD. Entre ces voûtes jaillissent des roseaux ou "cistes" en ancien français ce qui a donné son nom à l'abbaye clunisienne de Cîteaux fondée dans les marais au sud de DIJON. C'est dans cette abbaye que BERNARD, ses frères et ses compagnons entrèrent comme novices en 1112. Les 7 cistes représentent les 7 enfants d'ALIETTE tous entrés dans les Ordres selon son voeux le plus cher.

Ainsi ALIETTE qui avait du renoncer à sa vocation religieuse pour faire un "bon mariage" et était morte dans la trentaine épuisée par ses grossesses répétée, avant qu'aucun de ses enfants ne se consacre à Dieu, a vu ses désirs finalement exaucés.

ALIETTE a accompli exemplairement sa vocation qui était inscrite dans son nom, si on l'analyse à partir des lettres hébraïques qui le composent: Aleph, Lamed, Iod, Tav. Aleph et Tav sont les premières et dernières lettres de l'alphabet hébreux. Ainsi peut-on voir une référence au Christ, Alpha et Oméga (première et dernière lettres de l'alphabet grec). Le Lamed (aiguillon en hébreux) signifie instruire, informer du chemin ; le Iod représente l'étincelle divine dans l'homme et le Tav, signe de la croix, le mystère de l'incarnation divine. ALETH peut ainsi se traduire par " celle qui aiguillonne, qui montre le chemin divin en nous à travers le mystère de l'incarnation divine."

 

Que l'intercession de Sainte ALETH nous aide à voir le divin en nous et en chaque homme et à trouver et accomplir notre vocation.

 

Histoire de la Bienheureuse ALETH ou ALIETTE de Fontaine-lez-Dijon mère de Saint BERNARD

ALETH, née en 1072(?), était fille du comte Bernard de MONTBARD (Côte d'Or). Destinée à la vie religieuse, elle a été élevée dans une école monastique où elle apprend à lire et écrire le latin et le grec, à chanter les psaumes, à connaître parfaitement les Ecritures. Mais, pour des raisons d'alliances ou de séduction (?), elle fut donnée en mariage (à 15 ans ?) au Seigneur de CHATILLON sur SEINE, TESCELIN dit le Sor (le roux). ALETH était douce, bienveillante et réservée. Ses cheveux blonds nattés de chaque coté du visage encadraient un serre-tête de lin qui lui couvrait la tête.

TESCELIN était un noble chevalier au service du duc de BOURGOGNE EUDES 1er qui appréciait ses conseils et sa bravoure. Le duc lui confia la forteresse de FONTAINES- lez- DIJON qu'il venait de faire construire en 1080 pour défendre DIJON vers le Nord.

C'est là que vécut Dame ALETH, dans ce château dont des éléments existent toujours sur la butte de FONTAINE et qui a été récemment restauré. C'est là que sont nés ses 7 enfants dont en 1090 son 3ème fils BERNARD futur Abbé de CLAIRVAUX. La chambre où naquit St. BERNARD, au rez de chaussée d'une tour du château, a été transformée au 15ème siècle en chapelle confiée à la congrégation des FEUILLANTS (cisterciens réformés) de Dijon.

Dés sa naissance, ALETH offrit son fils BERNARD à Dieu dans la chapelle qu'elle avait fait construire dans l'enceinte du château et qu'elle avait dédiée à Saint AMBROSINIEN, évêque et martyre arménien dont une relique lui avait été apportée d'Arménie par un pèlerin. Cette chapelle fut remplacée au 14 ème siècle par une église romane qui, dans ses grandes lignes , est celle d'aujourd'hui, consacrée à Saint BERNARD.

En 1619 Louis XIII et ANNE d'AUTRICHE inaugurèrent un sanctuaire incluant la chapelle de la chambre natale. Ils y vinrent en pèlerinage en 1637, désespérés de ne pas avoir d'héritier et... ainsi naquit LOUIS XIV ! La Révolution provoque la ruine des bâtiments du château et la destruction du sanctuaire. La chambre natale est transformée en cellier. Au 19ème siècle l'ensemble fut restauré à peu prés tel que nous le trouvons actuellement.

Lorsque ALETH était enceinte de BERNARD, elle eut plusieurs fois en songe la visite d'un petit chien blanc et noir qui jappait de toutes ses forces et on lui prophétisa que son enfant serait un grand orateur et puissant prédicateur. ALETH prend elle-même soin de la première éducation de ses enfants. Au château elle remplit consciencieusement ses obligations domestiques et elle porte secours et consolation aux miséreux et aux malades du voisinage. Elle exigeait de sa famille une stricte discipline liturgique et désirait ardemment que ses enfants soient tous au service de Dieu.

ALETH , très cultivée, était en étroite relation avec l'abbé de St. Bénigne, JARENTON, personnage célèbre, ancien prieur du monastère clunisien de la Chaise Dieu, ancien évêque de LANGRES et légat du pape pour de nombreuses missions. Le monastère St. Bénigne de DIJON était à l'époque "Tête d'Ordre" d'une quarantaine de monastères en France et GUILLAUME de VOLPIANO avait fait construire une Abbatiale majestueuse que l'abbé JARENTON dut restaurer après qu'en 1101 la grande tour centrale se fut effondrée. C'est dans cette abbatiale qu'ALETH emmenait le petit BERNARD pour assister aux cérémonies et écouter le plain-chant grégorien ou pour prier dans la "crypte des saints" sous les fameuses "rotondes", sur le tombeau de St. BENIGNE ou dans la chapelle de la Vierge. Seule cette crypte subsiste de l'abbatiale de cette époque.

ALETH mourut le 1er septembre 1107 ( à 33 ans?), le jour de la fête de St. AMBROSINIEN auquel était dédiée sa chapelle. Le corps d'ALETH fut solennellement transféré par l'abbé JARENTON dans la crypte de St. BENIGNE, car on la considérait déjà comme une sainte. Son tombeau y sera entouré d'une grande dévotion pendant plus de 100 ans. A la fin du XIIème siècle, son tombeau présentait, sculptée, la figure de ses 6 fils, tous devenus moines cisterciens à la suite de leur frère BERNARD. Sa fille HOMBELINE entra également dans les Ordres en 1132 et devint abbesse du monastère cistercien de JULLY les NONNAINS et déclarée SAINTE. Son époux, TESCELIN lui-même, se retira à la fin de sa vie au monastère de CITEAUX. En 1250 l'abbé de CLAIRVAUX fera transférer les restes de la bienheureuse ALETH dans son monastère à coté du tombeau de son fils St. BERNARD.

La mort de sa mère avait beaucoup affecté le jeune Bernard qui à l'époque avait 16 ans. Mais même après sa mort, ALETH gardera une grande influence sur son fils : au moment où il décida d'entrer comme moine à l'abbaye de CITEAUX , elle lui apparut, toute de blanc vêtue, pour lui confirmer que "Dieu l'a choisi" pour un grand destin et qu'il devait entraîner ses frère dans la vie monastique.

Dans le musée d'Art Sacré de Dijon, rue St. Anne, se trouve un tableau du XVIIème siècle représentant la Bienheureuse ALETH ainsi qu'une copie d'un tableau du XII ème siècle appelé "l'arbre de sainteté". Ce tableau présente au centre St. BENIGNE, martyre et patron de la BOURGOGNE avec autour de lui 19 médaillons portés par les branches d'un arbre symbolique et sur chaque médaillon figure un personnage réputé saint dont le tombeau entourait celui de St. BENIGNE dans la crypte. Un de ces médaillons représente Ste ALETH.

Sainte ALETH est fêtée le 4 avril. Ce prénom et ses assimilés ou dérivés que sont ALETTE, ALIETTE, ALETHIA, ALITHIA, ALICE ...ont pour origine le nom grec " alétheia " qui signifie " la vérité " et aussi l'adjectif latin " alitis " qui signifie " qui a des ailes "

A. CHENAL

Réf; Bibliogr. :
- St. BERNARD du P. André PHILBEE (Ed. Cerf )
- St. BERNARD de Claude CLEMENT ( Ed. F. Lanore et F.Sorlot)