Icônes-Alain

Icônes réalisées par Alain Chenal

Contact : alain.chenalATlibertysurf.fr

Présentation de l'icône de la Sainte Famille en Egypte ou "D'Egypte J'ai appelé Mon Fils " (Math.2,15)

C'est un sujet d'icône traditionnelle de l'Eglise copte d'Egypte. Celle-ci a été fondée par l'apôtre Saint Marc, premier évêque d'Alexandrie qui au premier siècle était la capitale intellectuelle de culture hellénistique de l'Egypte. Le patriarcat d'Alexandrie s'est séparé de l'Eglise indivise au 5ème siècle après le concile de Calcédoine en 451, suite à une divergence théologique sur les deux natures du Christ vrai Dieu et vrai Homme, simple malentendu qui n'a été levé que récemment. Les coptes, héritiers de l'ancienne Egypte, devenus chrétiens à 95% dès le 4ème siècle ont transmis et gardé des souvenirs précis des trois ans que la Sainte Famille a passé dans leur pays, souvenirs confortés par des révélations que la Vierge Marie aurait faites à un moine au 10ème siècle. Dès le 4ème siècle, Sainte Hélène mère du premier empereur chrétien de Byzance, fit élever des basiliques aux endroits où la Sainte Famille aurait séjourné, basiliques dont on peut encore voir les traces car elles ont été remplacées par des églises ou des monastères successifs comme à Gebel el Teir ou à Deir el Mouharraq.

L'icône copte traditionnelle telle qu'elle a été revisitée par le grand iconographe contemporain Isaac Fanous, comprend les éléments suivants

- Marie, assise sur un âne,portant dans ses bras l'enfant Jésus emmailloté,

- Joseph, en habit de voyage, bâton à la main, guidant l'âne,

- dans un paysage avec le Nil, des palmiers, les pyramides,

- s'y ajoutent parfois, la servante Salomé, un champ de blé, des poissons, des oiseaux.

L'occident roman a repris le thème de la fuite en Egypte dans de nombreux chapiteaux sculptés. Celui de la cathédrale Saint Lazare à Autun est bien connu et particulièrement émouvant. Il présente Jésus et Marie à la manière des "Vierges à l'enfant" romanes, Marie et Jésus assis "en majesté", l'enfant Jésus bénissant d'une main, l'autre reposant sur un globe symbolisant sa nature royale.

La présente icône, réalisée après un pèlerinage en Egypte qui donna l'occasion de rencontrer Isaac Fanous et de visiter son atelier au Caire, reprend les éléments traditionnels de l'icône copte mais en s'inspirant de l'art sacré roman en ce qui concerne les personnages. L'icône copte met en avant la nature humaine de Jésus enfant, emmailloté, tendrement tenu dans les bras de Marie, l'art roman manifeste plus la nature divine de l'enfant "logos", verbe de Dieu, source de Vie, que Marie présente au monde. Les éléments naturels constituant le fond de l'icône s'inspirent de l'art copte proche des fresques de l'Egypte ancienne. On y trouve

- Le Nil et ses canaux bordés de papyrus en fleur,

- les palmiers-dattiers, arbres de vie,

- un champ de fourrage vert typique des bords du Nil,

- un champ de blé comme celui qui, d'après la tradition copte aurait permis à la Sainte Famille d'échapper aux soldats de Hérode qui les poursuivaient,

- la terre fertilisée par les crues du Nil,

- une "felouque" comme celle que la Sainte Famille a dû emprunter pour remonter le Nil,

- à l'horizon, les pyramides au pied desquels la Sainte Famille est passée et les "djebels", les falaises des rives du Nil de la moyenne Egypte, à Gebel el Teir, dans les grottes desquels ils ont habité.

Jésus est représenté suivant la tradition iconographique romane en jeune garçon, habillé comme le Christ, bénissant d'une main, l'autre reposant sur la sphère représentant le monde marqué de la croix de vie de l'ancienne Egypte car Il est "la résurrection et la Vie". Marie enveloppe Jésus dans son manteau bleu de nuit, comme la reine du ciel égyptien la déesse "Nous" abrite, la nuit, le soleil représentant le dieu "Ra" pour le faire renaître le matin. Marie, mère de Dieu, trône sur l'âne, un âne comme celui qui va porter Jésus lors de son entrée triomphale dans Jérusalem.

L'âne, très conscient de son rôle de monture royale est attentif au confort de Marie et docile aux ordres de Joseph qui le tient par la bride. Joseph, le juste, protecteur de l'enfant-Dieu et de sa mère, les conduit avec autorité, attentif aux ordres de l'ange du Seigneur.

Le Nil, représenté suivant la tradition des fresques égyptiennes, représente la vie car il transforme le désert en plaine fertile par son eau et ses inondations fertilisantes. Les papyrus en fleurs, aux usages multiples qui figurent dans toutes les tombes égyptiennes comme offrande aux dieux, font une haie d'honneur rythmée comme un chant d'alléluia. Le champ de blé représente la fécondité de la terre ensemencée par la parole du Verbe. Le grain de blé était dans l'ancienne Egypte, comme chez les chrétiens signe de mort et de résurrection. Les deux palmiers, arbres qui ont aussi été à l'honneur dans l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, sont dans la symbolique égyptienne le signe du temps, le calendrier, chaque anneau du tronc représentant une année et chaque palme un mois.

Ainsi par ces éléments symboliques est marquée la nature divine de Jésus-Christ qui se manifeste dans l'espace et le temps, à travers cet épisode de sa vie en exil en Egypte.

De manière plus personnelle cette icône situe parfaitement le rôle de chaque membre de la Sainte Famille :

- Jésus au centre dans sa double nature humaine et divine,

- Marie dans son rôle privilégié de mère de Dieu, offrant le monde à Jésus et Jésus au monde,

- Joseph le juste, l'époux responsable de sa famille, modèle de l'homme à l'écoute de Dieu et assumant fidèlement et en toute humilité, le plan de Dieu sur lui.

Cette icône nous rappelle aussi l'accueil amical offert par le peuple égyptien à cette famille de réfugiés politiques, accueil qui fut source de bénédictions pour lui. Les coptes chrétiens, aujourd'hui minoritaires dans un monde musulman hostile, sont les témoins précieux de la foi de l'Eglise primitive et les nombreuses apparitions récentes de la Vierge Marie dans ce pays montrent que celle-ci n'a pas oublié ce peuple qui l'avait si bien accueillie, elle et les disciples de son fils.

Alain, décembre 2000

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