Icônes-Alain

Icônes réalisées par Alain Chenal

Contact : alain.chenalATlibertysurf.fr

Présentation de l'icône de Pauline Jaricot

Les portraits connus de Pauline dans sa jeunesse, sous forme de peintures ou de photos retouchées, montrent une jeune fille épanouie, à la forte personnalité, avec une figure ronde au menton volontaire et des grands yeux foncés. Ces mêmes caractéristiques se retrouvent encore sur son masque mortuaire dont se dégage une grande sérénité malgré les dures épreuves subies en fin de sa vie.

L'icône, tout en gardant l'essentiel de ces traits, doit être plus qu'un portrait, elle doit essayer d'exprimer les qualités de son être profond, ses tensions vers la "ressemblance divine" ; elle doit interpeller celui qui la contemple pour l'entraîner dans le mystère de la personne représentée, de son approche de Dieu par son chemin de vie ; elle est référence et miroir pour notre propre chemin.

Pauline est représentée avec un habit de son époque, du genre de celui des "camuses" lyonnaises du début du 19ème siècle, modeste et digne, de couleur bleu-gris sombre. Le châle avec ses diagonales se croisant sur la verticale du buste, donne une dynamique forte à l'image. L'étonnante coiffe de dentelle blanche qui cache sagement ses cheveux est comme une couronne de pureté autour de son visage rayonnant de la lumière intérieure de son âme toute donnée à Dieu.

Sa main gauche égrenant le chapelet est appuyée sur son ventre, lieu de la force et de l'engendrement: c'est la prière qui est la source de cette énergie incroyable qu'elle a déployée toute sa vie au service des autres malgré ses épreuves et les défaillances de son corps. Son bras droit est tendu vers les autres, il montre le chemin, sa main invite à donner, et accepte de recevoir.

Sa personne est entièrement baignée dans un fond rouge, couleur de l'Esprit d'amour qui l'a animée toute sa vie, jusqu'à suivre Jésus dans son chemin de croix. Comme Lui, elle a semé et s'est retirée, et d'autres ont récolté.

La bordure de l'icône, peinte sur l'or, rappelle ses "plans" :

- celui de la collecte des "sous hebdomadaires" par 10 "associés" pour la propagation de la foi (les 10 pièces rondes en bas et en haut , reliées entre elles);

- celui du "rosaire vivant" regroupant 15 personnes récitant une dizaine de chapelet, représentées par des grains de blé de chaque coté.

Ces "sous" ou "grains" se propagent comme des ondes aux quatre coins du monde et se multiplient avec la bénédiction de Marie, figurée par le "M" aux 4 coins de l'icône.

" Que la contemplation de cette icône incite à une prière assidue comme source d'énergie inépuisable pour agir pour un monde plus juste."

Alain, mai 2000

Qui est Pauline JARICOT ?

Pauline-Marie est née le 21 juillet 1799, dernière des sept enfants des époux Jaricot, "soyeux" de Lyon où ils habitaient 16 rue Turpin, puis 21 rue Puits-Gaillot. Elle y passe une enfance heureuse et choyée. Jeune fille jolie et coquette, elle se laisse aller à une vie mondaine, non sans quelques remords. Une chute grave met sa vie en danger et sa mère offre sa vie à Dieu pour la sauver. Pauline guérit, mais sa mère meurt. A l'âge de 17 ans, un sermon entendu à l'église Saint Nizier lui fait prendre conscience de la vanité de sa vie et elle décide d'en changer radicalement. Elle fait vœu de chasteté mais restera laïque toute sa vie, habillée comme les pauvres "camuses" qu'elle voit s'agiter continuellement pour trouver du travail, se nourrir et se loger. Elle s'entoure de jeunes ouvrières qui partagent son idéal et sa foi.

Son frère Philéas devenu prêtre l'incite à trouver de l'argent pour soutenir les missions étrangères de la Société de la rue du Bac à Paris qui deviendra l'Association pour la Propagation de la Foi. Pour cela elle eut l'idée du "sou hebdomadaire", recueilli de la main à la main, auprès des ouvriers et la révélation de son plan consistant à ce que chaque personne associée trouve 10 autres personnes s'engageant à donner chaque semaine, un sou (soit un peu plus de 1 F. actuel) et ainsi de suite. Puis sont désignés des chefs de dizenaires et des chefs de centenaires pour centraliser les versements. Le système a un énorme succès et l'œuvre de Pauline qui n'a que 20 ans, effraye le clergé. Mais son plan est repris et si bien approprié par l'Association pour la Propagation de la Foi que l'on oubliera que c'est Pauline qui était à l'origine de cette Œuvre. Pauline reste dans l'ombre et pour obéir à son directeur spirituel, se consacre à la prière et, pendant cinq ans, aux soins de son père malade.

Obsédée par l'exploitation des ouvriers et leur misère matérielle et spirituelle ella va se lancer dans deux nouvelles aventures: le "Rosaire vivant" et l'usine de Rustel.

Le Rosaire vivant a pour objectif de répandre dans la masse de chrétiens et revivifier cette prière accessible à tous, en utilisant les mêmes techniques que pour le sou hebdomadaire. Des groupes de 15 personnes s'engagent à réciter quotidiennement une dizaine de "Je vous salue Marie..." et à méditer le mystère joyeux ou douloureux de Marie qui lui est associé et lui échoit dans le groupe, de sorte que tous les jours, un rosaire complet de 15 dizaines est récité en communion, par chaque équipe. De plus, les associés doivent trouver 5 nouveaux associés et s'engager dans une œuvre de diffusion de "bons livres" en versant tous les ans 5 francs (100F. actuels). Après beaucoup de réticences cette œuvre reçoit l'appui du Général des dominicains en 1834 puis du Pape. Huit ans après son invention, il y a plus d'un million d'associés en France qui reçoivent tous les mois une lettre circulaire de Pauline. L'œuvre s'étend à l'étranger, et "Mademoiselle Jaricot" devient une célébrité universellement honorée.

Pauline tombe alors très malade. Malgré son état, elle se rend à Rome où le Pape la voyant si malade, vint la visiter. Mais elle fut guérie par l'intercession de Sainte Philomène qu'elle était allée vénérer à Mugnano près de Naples et dont elle ramena des reliques pour son église de Lyon et son ami le curé d'Ars.

Cependant la détresse du monde ouvrier la harcèle toujours. Elle commencera par imaginer la "banque du ciel", avec des prêts à "taux zéro" sur 20 ans, consentis par de riches familles lyonnaises. Puis elle veut créer une usine modèle où les ouvriers travailleraient moins longtemps, seraient mieux payés et auraient ainsi la possibilité de se consacrer un peu plus à leur famille, leurs enfants et leur foi. Pauline espérait que l'expérience ferait tâche d'huile et régénèrerait l'ensemble du monde ouvrier.

C'est l'époque où Proudhon s'installe à Lyon et discute avec le jeune Karl Marx à Paris. Pauline, avec son héritage et des prêts achète une usine de hauts fourneaux à Rustel près d'Apt dans le Vaucluse. Mais elle est abusée par deux escrocs à qui elle avait confiée l'affaire et qui non seulement font échouer le projet, mais vont totalement ruiner Pauline la laissant couverte de dettes notamment envers les petits prêteurs qui lui avaient fait confiance. D'interminables procès la déconsidèrent et l'obligent à quêter partout pour rembourser ses dettes.

C'est son chemin de croix qui commence. Tout le monde l'abandonne, aussi bien l'Association pour la Propagation de la Foi, que le clergé lyonnais et même se proches. Elle est obligée de vendre le domaine de Lorette à vil prix sous la pression de la Commission de Fourvière qui veut édifier un nouveau sanctuaire. Tous la prennent pour une folle et une intrigante dangereuse. Seul le curé d'Ars lui rend hommage et le pape lui gardera toujours sa confiance. Après une longue et douloureuse maladie elle rend l'âme le 9 janvier 1862 dans la paix et la sérénité. Ses funérailles furent celle d'une pauvresse inscrite au registre des indigents de la ville de Lyon.

Cependant petit à petit, elle sort de l'oubli et le dépouillement de son immense et édifiant courrier permet la publication de livres sur sa vie. En 1910 s'ouvre le procès en vue de sa béatification. En 1935 ses restes sont solennellement déposés à l'église Saint Nizier de Lyon dans un caveau à gauche de la chapelle de Notre Dame de Grâces où Pauline est venue prier tant d'années durant. Son rôle dans la fondation en 1822 de l'Oeuvre de la Propagation de la Foi est enfin reconnue.

Le 25 février 1963 le Pape Jean XXIII a signé le décret qui déclare Pauline Jaricot "Vénérable". Mais un miracle, fruit de son intercession et officiellement reconnu, reste le préalable à sa béatification par l'Eglise. Sa grande modestie et l'absence de congrégation la soutenant, ne sont peut-être pas étrangers à ce manque de label officiel mais cela ne l'empêche certainement pas d'aider discrètement et efficacement ceux qui l'invoquent,... j'en suis témoin!

Alain Chenal
(d'après le livre "Pauline Jaricot" de Georges Naïdenoff - éd. Médiaspaul)

" J'ai aimé Jésus-Christ plus que tout sur la terre

et pour l'amour de Lui, j'ai aimé plus que moi-même

tous ceux qui étaient dans le travail ou la douleur."

Pauline Jaricot

Alain, mai 2000

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