Icônes-Alain

Icônes réalisées par Alain Chenal

Contact : alain.chenalATlibertysurf.fr

Présentation de l'icône du frère Charles de Jésus

Vie de frère Charles de Jésus : 1858 – 1916

Charles de Foucauld naît à Strasbourg le 15 septembre 1858, fils d’Edouard, vicomte de Foucauld dont les ancêtres remontent à St Louis et d’Elisabeth Moret d’une famille bourgeoise alsacienne. Leur premier enfant, aussi nommé Charles, meurt en bas âge. Avec sa sœur Marie, née deux ans après lui, Charles a une petite enfance heureuse à Wissembourg où son père est nommé inspecteur des forêts. Mais celui-ci, atteint d’une maladie psychiatrique doit être interné en région parisienne et meurt en 1863. La mère meurt un an après, Charles a 6 ans. Les deux enfants sont confiés à leur grand-père, le colonel Moret. (voir les détails sur sa vie en Alsace ci-dessous).

Après la guerre de 1870, la France vaincue, l’Allemagne annexe l’Alsace, les habitants, s’ils veulent rester français doivent quitter l’Alsace. Le colonel Moret s’installe à Nancy et c’est là que Charles, traumatisé par ces arrachements va finir ses études au lycée où il perd la foi et se laisse aller à une vie de facilité et de plaisir mais réussit quand-même son entrée à St Cyr à 18 ans.

Officier à Saumur, il y mène une vie de jouissance et de débauche dilapidant sa fortune, vie qui l’amènera à être renvoyé de l’armée parce qu’il refuse de rompre une liaison avec une femme. En 1880 il rompt cette liaison et réintègre un régiment pour participer à une opération dans le Sahara puis démissionne pour réaliser une expédition en solitaire au Maroc, déguisé en rabbin juif. Son livre « Reconnaissance du Maroc » est publié et salué par la Société Française de Géographie. Sa rencontre avec l’Islam l’a fortement bouleversé par « la foi de ces hommes vivant dans la continuelle présence de Dieu ».

A Paris, encouragé par sa cousine Marie de Bondie, sa recherche spirituelle l’amène alors vers l’abbé Henri Huvelin, prêtre de l’église St. Augustin qui lui fait découvrir Dieu comme « un père infiniment proche et plein de tendresse qui n’a jamais cessé d’attendre son enfant »(prodigue!). Il se convertit en 1886.

Au cours d’un pèlerinage en Terre Sainte, il est marqué par la découverte de la vie humble et cachée de Jésus à Nazareth, vie qu’il se sent appelé à imiter. En 1890 il passe d’abord 7 ans à la trappe de N.D. des Neiges en France puis 4 ans à Nazareth comme domestique chez les sœurs Clarisses. Il y consacre son temps au travail, à la méditation des écritures et surtout à l’adoration de Jésus dans le St Sacrement. En 1901, après un an de préparation il est ordonné prêtre à Viviers et demande à vivre au Sahara.

Il s’installe dans la ville de garnison de Béni-Abbès où il sera « l’homme de Dieu » vivant l’accueil, le partage fraternel avec les plus démunis. Au bout de 3 ans, il part à pied dans les montagnes du Hoggar à la rencontre des Touaregs et parvient à s’installer avec l’autorisation du chef local Moussa Ag Amastane près du petit hameau de Tamanrasset en 1905. Il y bâtit un ermitage appelé plus tard « La Frégate » car posé comme un navire dans le désert. Il y accueille les Touaregs et se met à l’étude de leur culture. Il travaillera 11 ans à la rédaction d’un dictionnaire Touareg de 2000 pages et à la transcription de 6000 poèmes et chants. Ce travail, ses nuits d’adoration du Saint Sacrement et de prières, les privations de nourriture ruinent sa santé et, atteint de scorbut il ne doit sa survie qu’à l’intervention des femmes touaregs. Essayant encore de se rapprocher des nomades il construit en 1910 un ermitage au sommet de l’Assekrem à 2700 m d’altitude mais ne pourra y séjourner que 5 mois et doit l’abandonner à cause de la rigueur du climat, malgré sa situation stratégique par rapport aux passages de nomades et la beauté sublime des lieux.

La guerre de 1914-18 a entraîné le soulèvement de tribus contre l’occupant français. Pour sécuriser les habitants de Tamanrasset contre leurs razzia, Charles construit avec eux un fortin de type « bordj marocain» et s’y retire. Mais le 1er décembre 1916, un groupe armé investit par ruse le fortin et prend Charles en otage, le laissant aux mains d’un jeune gardien armé. Dans un moment d’affolement provoqué par l’arrivée de soldats arabes, le gardien tue Charles à bout portant. Charles sera enterré le lendemain au pied du fortin avec 3 soldas musulmans tués. De cette mort « inutile », le chef Touareg, son ami dira « Il est aussi mort pour nous tous». De son rêve initial d’évangélisation des païens, de son désir de trouver des frères partageant son idéal, il ne restait rien.

Mais « si le grain ne meurt, il ne donnera pas de fruit ». Aujourd’hui, par le monde, 20.000 petites sœurs et petits frères de Jésus suivent son exemple de présence cachée, évangélisant par leur vie auprès des populations les plus pauvres et les plus éloignées de la foi en Jésus-Christ. A Tamanrasset quelques petites sœurs de Jésus perpétuent l’accueil et la vie fraternelle avec les Touaregs aujourd’hui minoritaires dans une ville musulmane de 120.000 habitants. A l’Assekrem devenu lieu de pèlerinage pour des milliers de pèlerins et touristes dont la moitié sont musulmans, 3 frères perpétuent l’accueil et la présence eucharistique en terre d’Islam.

Charles de Jésus a été béatifié en 2005 par le pape Benoît XVI.

 

Note sur la jeunesse alsacienne de Charles de Foucauld d’après le colloque de Strasbourg de septembre 2008 à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. (Consulter le site : http://www.charlesdefoucauld.org/Pdf/Actes_150.pdf ).

Strasbourg qui vient d’édifier une magnifique statue de Charles de Foucauld devant l’église St Pierre le Jeune catholique, garde le souvenir de sa jeunesse en maint lieu. Bien que sa maison natale 3 place Broglie ait été remplacée par le Banque de France, la maison de son grand-père rue des Echasses, qu’il a habitée avec sa mère et sa sœur après l’hospitalisation de son père, existe toujours et est occupée par des sœurs. De même le collège St Etienne avec l’ancienne église romane et le lycée aujourd’hui Fustel de Coulanges qu’il fréquenta (comme moi !) témoignent de sa scolarité. La magnifique église St Pierre le Jeune protestante garde la trace de la cohabitation des cultes catholiques et protestants dans les mêmes lieux, et témoigne de l’époque où le petit Charles et sa sœur Marie suivaient leur mère à l’église. Au cimetière St Hélène de Strasbourg sont entretenues les tombes de sa mère et de son petit frère Charles. Les paysages des Vosges et de Wissembourg d’où était originaire sa mère et où il séjourna du temps où son père était inspecteur des forêts, ont marqué sa jeunesse. Ce bonheur de sa petite enfance il l’évoquera dans une méditation à Nazareth. L’influence culturelle de l’Alsace avec son bilinguisme, la pesanteur du catholicisme institutionnel, le côtoiement des religions catholique, protestante et juive, n’auront pas été sans influence quand il dut quitter cette terre d’Alsace après la guerre de 1870, et que le colonel Moret dut faire le choix de s’installer à Nancy pour rester français. C’est un jeune-homme lourd de ce passé et de ces traumatismes qui, après avoir perdu son dernier repère par la mort de son grand-père rentrera à St Cyr.

Présentation de l’icône de frère Charles de Jésus

Charles de Foucauld a eu une vie mouvementée. Son visage s’est progressivement épuré comme le montre la galerie des très beaux portraits qui existent de lui jusqu’à aboutir à ce visage de vieillard hirsute mais rayonnant de l’ermite de Tamanrasset. Charles a été fasciné par Jésus, Dieu fait homme, et son extrême abaissement dans l’incarnation, par sa vie longuement cachée à Nazareth et par cet enfouissement extrême de sa divinité en l’homme jusqu’à nous offrir sa présence cachée dans le pain et le vin eucharistique, en se faisant nourriture. Pour être acteur de cet abaissement il a voulu être prêtre et porter cette présence chez les hommes les plus éloignés de Lui, être leur ami pour qu’ils deviennent l’ami de son Ami, de son Frère Jésus. Aussi combien a-t-il du souffrir quand, seul à Tamanrasset, sans la présence d’un chrétien lui permettant de célébrer la messe, il fut privé pendant plusieurs années de cette présence eucharistique jusqu’à ce que le pape l’autorise à célébrer seul.

Lors de mon pèlerinage à Tamanrasset et à l’Assekrem en novembre 2008, ce qui m’a le plus frappé ce sont ces deux chapelles où Charles a célébré la messe et tant adoré Jésus dans le Saint Sacrement, l’une à la « Frégate » son ermitage de Tamanrasset où il a vécu 11 ans et l’autre dans celui au sommet de l’Assekrem (2.700m d’altitude), chapelles où aujourd’hui encore, entretenu par les petites sœurs et frères de Jésus, le sacrement est présence cachée de Jésus en terre d’Islam.

C’est pourquoi j’ai représenté frère Charles en « méditant » assis comme ses frères Touaregs et portant sur son cœur, dans un cercle d’amour, le calice et l’hostie, signe de cette présence cachée de Jésus, comme il est caché dans le cœur de chacun. Tout son corps rayonne et illumine ce désert bien aimé du Hoggar. Cette chaude lumière ne vient pas des montagnes mais elle rayonne de lui transfiguré par cet Amour crucifié caché dans son cœur.

Le monde de ses amis Touaregs bien aimés est évoqué dans le pourtour bleu, le bleu des « hommes bleus » et ses broderies rouges typiques. Sur sa gandoura « monacale » ne figure plus le cœur rouge surmonté d’une croix qu’il affichait à Béni-Abbès, car trop provocateur pour les musulmans : il ne veut être reconnu comme chrétien que par l’amour qu’il porte aux autres. Ce coeur est discrètement évoqué aux 4 coins de l’icône comme un élément de la broderie, comme aujourd’hui les petites sœurs et frères de Jésus aux 4 coins du monde imitent Jésus caché au milieu des plus pauvres. Comme leur frère Charles, ils témoignent par ce qu’ils sont et par ce qu’ils vivent, cherchant leur Dieu caché en eux, en tous et partout, dans l’adoration silencieuse, l’humilité et la fraternité.

C’est ce message que laisse frère Charles aussi pour nous.

« Frère Charles aidez-nous à découvrir ce Jésus caché en nous, dans les autres et dans l’Eucharistie »

Alain, carême 2009

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