Vie des saints Zelie et Louis Martin
Louis Martin (1823-1894) et son épouse, Zélie Guérin (1831-1877) sont les parents de 5 filles dont la célèbre Ste Thérèse de l’Enfant Jésus de Lisieux. Tous les deux, très croyants, ont dû renoncer à une vocation religieuse, lui parce qu’il ne connaissait pas le latin et elle à cause de sa santé fragile. Ils ont donc appris un métier : lui d’horloger et elle de dentellière à Alençon. Ils ont eu le « coup de foudre » l’un pour l’autre en se croisant sur un pont à Alençon et se sont mariés 3 mois après, le 12 juillet 1858 à minuit, lui avait 34 ans et elle 26. Ils s’installèrent au dessus de la boutique de Louis et souhaitaient avoir de nombreux enfants. Zélie avait monté une entreprise de dentelle d’Alençon avec des ouvrière travaillant à leur domicile sous sa direction. Elle assemblait les dentelles et assurait leur commercialisation et L'horlogerie-bijouterie de Louis prospérait.
Amour conjugal intense, confiance totale en Dieu, soutiens mutuels régneront toujours dans le couple qui « sentait chaque jour davantage le bienfait de sa mutuelle collaboration » : « Nos sentiments étaient toujours à l’unisson et il (Louis) me fut un consolateur et un soutien » écrira Zélie). Ils ne vivaient que pour la joie et le bonheur de leurs enfants (« nous ne vivions que pour eux ; c’était notre bonheur et nous ne l’avons trouvé qu’en eux » dans une autre lettre de Zélie). Ils les élevèrent fermement, mais avec beaucoup d’affection et tendresse, dans la joie de vivre et le respect de la personnalité et du caractère de chacun, et ses filles n’en manquaient pas !
Dans leur travail professionnel Louis et Zélie sont d’une étonnante modernité face au cadre et la mentalité du 19e siècle : Zélie forme elle même ses ouvrières/dentellières ( 6-12 environ ) pour le travail très minutieux et spécialisé requis (certains motifs de 1 cm 2, brodés avec un fil aussi fin qu’un cheveu, avaient requis 7 heures de travail). Respect du temps de travail demandé quelles que soient les contraintes des commandes, repos du dimanche, respect des salaires. Les Martin partagent également une partie de leurs ressources avec les plus démunis
Cette vie fut appuyée sur une foi inébranlable en « Dieu, premier servi » (dixit Louis) : pratique religieuse soutenue dont la messe tous les jours à l’église paroissiale à 5h30 du matin et prières quotidiennes en famille.
Après quelques années, le décès en bas âge de 4 enfants sur 9 fut pour la famille une épreuve très douloureuse mais soutenue par la foi en l’amour de Dieu quoi qu’il arrive.
Après la guerre de 1870, plusieurs chambres de leur logement étant réquisitionnées par les prussiens, Louis vendit sa boutique et abandonna le métier qu’il appréciait pourtant pour davantage seconder sa femme (s’occuper des enfants et de la maison, comptabilité, dessin des motifs de dentelle, commandes, livraisons dans toute la France etc...).
La famille a alors déménagé, toujours à Alençon, dans la maison où avait grandi Zélie. C’est là qu’est née Thérèse en 1873, 5e enfant vivant du couple. Zélie, déjà atteinte d’un cancer au sein très douloureux, ne put l’allaiter ; à contre-cœur, elle dut mettre ce bébé fragile en nourrice à la campagne pendant un an. Zélie est morte à 46 ans dans la chambre où Thérèse était née 4 ans auparavant.
Louis est veuf à 49 ans avec 5 filles à élever (Marie 17 ans, Pauline 16 ans, Léonie 14 ans, Céline 8 ans et Thérèse 4 ans). Il gérera la finition des fabrications de dentelle en cours puis, pour se rapprocher d’un beau-frère ayant des enfants de l’âge de ses derniers enfants, vend leur maison d’Alençon, achète à Lizeux la coquette maison, les « Buissonnets » (maintenant musée). La famille y déménage et Louis cessera toute activité professionnelle vivant de ses rentes ( en comptable avisé, Louis avait placé l’argent du ménage en banque où il avait fructifié, et fructifiera encore pour payer les dots d’entrée au Carmel de ses filles).
L’une après l’autre, 3 de ses filles entrent au carmel de Lisieux avec sa bénédiction douloureuse. Pour Thérèse qui souhait aussi y entrer à 14 ans il va même avec elle à Rome pour demander au Pape une dérogation et elle obtiendra l’autorisation pour y entrer à 15 ans en 1888. Plus tard, Louis atteint d’artériosclérose cérébrale a dû être interné, puis handicapé, fut soigné jusqu’à sa mort à son domicile par Céline qui n’entrera au couvent qu’après sa mort. Léonie, l’enfant terrible de la famille, après 3 essais infructueux pour entrer au Carmel de Lisieux fut admise au Carmel de la Visitation de Caen en 1899. Ainsi toutes les filles du couple se consacrèrent à la vie religieuse.
Mais la plus connue fut Thérèse , sœur Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face qui a inventé et expérimenté « l’ascenseur pour la sainteté », sa « petite voie de l’amour ». Morte de tuberculose à 24 ans, elle fut rapidement canonisée, suite à son rayonnement et ses très nombreux miracles. Elle fut proclamée sainte en 1925, déclarée 2eme patronne de la France (après ste Jeanne d’Arc, elle-même ayant succédé à st Martin ), patronne des missions et des vocations (elle priait beaucoup pour ceux qui ne connaissent pas Dieu et les délinquants, voire des criminels).
Le couple de Louis et Zélie Martin fut « béatifié » en la basilique de Lisieux en 2008 et « canonisé » à Rome le 18 octobre 2015 par le Pape François, premier couple canonisé en tant que tel dans l’Église. La canonisation de ce couple est totalement justifiée, au-delà du fait que leur dernière fille, la petite Thérèse de l’enfant Jésus soit une grande sainte. Louis et Zélie sont fêtés le 12 juillet, date de leur mariage civil et religieux.
Présentation de l’icône
L’icône est inspirée d’une des nombreuses et excellentes photos du couple. Le couple est inscrit dans une ellipse rouge dont les 2 foyers sont situés situées sur un axe vertical car leur vie a été centrée sur 2 foyers d’amour, l’Amour de Dieu et l’amour conjugal et parental. Ce n’est pas une photo « de mariage », ils sont unis sans fusion dans le respect de leur complémentarité et l’amour réciproque. Leurs auréoles se recoupent sans que l’une domine l’autre. Le point fort de l’icône c’est les mains : la main gauche de Louis couvre la main droite de Zélie et de cette union féconde jaillit un bouquet de lys stylisé, fleur symbole de pureté. Les 5 lys représentent leurs 5 filles, vierges consacrées à Dieu au Carmel. Les boutons entre le lys évoquent les 4 autres enfants morts en bas-âge. Le rôle important de la prière dans leur vie est rappelé par le rosaire sur lequel reposent leurs mains enlacées. A noter que le chiffre 5 est celui de l’Esprit Saint, l’esprit d’Amour fécond de Dieu. L’amour du Dieu trinitaire qui est le moteur de leur vie , est aussi rappelé dans les 3 cercles enlacés du motifs des broderies au point d’Alençon de la collerette de Zélie.
Leurs lieux de vie sont évoqués dans la partie inférieure : d’une part Alençon pour Zélie « le pont de la rencontre , de leur « coup de foudre » et l’église de leur mariage, et d’autre-part, « Les Buissonnets », maison de Lisieux où Louis a vécu avec avec ses 5 filles après la mort de sa femme.
Bien que le contexte de fin du 19eme siècle soit très différent de celui du 21eme siècle, leurs vies sont bien d’actualité : expériences professionnelles (femme entrepreneur, travail à domicile, formation des ouvrières, marché à conquérir, épargne pour une retraite, époux en congé professionnel pour aide familiale et professionnelle de sa femme puis veuf, en charge de 5 enfants...), leurs problèmes de santé (cancer du sein, handicap psychique avec aide à domicile...), leurs épreuves de parents d’enfant difficile (Léonie) et de jeunes qui s’affirment et imposent leur vocation.
Par son témoignage « extrême », leur couple montre la sainteté possible d’une vie ordinaire et quotidienne dans la société, assumée dans la confiance totale à Dieu quoiqu’il arrive et vécue dans l’amour conjugal et parental entièrement donné.
Que Louis et Zélie aident les couples d’aujourd’hui à entrer, s’épanouir et persévérer dans la voie de l’amour conjugal et parental, quelles que soient les difficultés.
Alain, octobre 2019